
Les mots-clés à retenir, pour le jour 4 d’IMPAC3, sont « gouvernance », « partenariats » et « implication de l’industrie ».
Les modérateurs François Simard (UICN) et Christophe Lefebvre (Agence des aires marines protégées et UICN) ont identifié cinq grands enjeux pour la journée du vendredi 24 octobre.
François Simard et Christophe Lefebvre ont ensuite confié à chaque paneliste le soin de porter un regard particulier à chacun de ces enjeux.
Sur le financement, John Tanzer (WWF international) a souligné que, dans un contexte de récession économique, les revenus reposant sur les gouvernements deviennent moins fiables, comme en témoigne la situation aux Etats-Unis. Les gestionnaires doivent donc faire preuve d’imagination pour diversifier leurs sources de revenus. Pour les inspirer, il a mentionné :
John Tanzer estime que les trois derniers exemples (Croatie, Madagascar et la Grande barrière de corail), sont particulièrement prometteurs, car ils sont internes aux AMP, et diminuent donc leur dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Mais l’imagination ne suffit pas. Pour trouver des fonds, il faut aussi des compétences. Les gestionnaires d’aires marines protégées doivent reconnaître leurs limites et s’appuyer, si nécessaire, sur des spécialistes du marketing ou de la gestion financière, disciplines dont ils ne sont pas habituellement spécialistes.
Sur le sujet de la haute-mer, Jessica Sanders (FAO, département pêche et aquaculture, branche politique, économie et institutions) s’accorde avec François Simard sur le fait qu’il faut explorer les synergies entre les Conventions de mers régionales et les Organisations régionales de gestion des pêches, sur la base d’intérêts et d’outils convergents. Elle a cité l’Atlantique Nord-Est comme exemple de coopération fructueuse. Cependant, elle a souligné que les limites de territoires de compétences de ces deux types d’institution ne se chevauchent pas toujours, ce qui rend leur intégration plus complexe qu’il n’y paraît.
Carla Montesi (Union européenne, DG Mare pour la mer Baltique et la mer du Nord), a reconnu la valeur de la planification spatiale marine, non seulement lors de l’étape de la planification, pour établir le périmètre des AMP, mais aussi pour les gérer, une fois qu’elles sont créées, et organiser les activités économiques qui s’y déroulent. Elle a souligné que le maître mot des ateliers d’aujourd’hui était « harmonie ». Pour y parvenir, elle estime que la haute mer et la zone côtière doivent être considérés comme un tout, et que planification spatiale marine et gestion intégrée des zones côtières doivent donc être coordonnées.
Représentant des acteurs industriels, Francis Vallat a évoqué le partenariat en cours entre le Cluster maritime français, qu’il préside, et l’Agence des aires marines protégées. Pour y parvenir, a-t-il témoigné, il a fallu, de chaque côté, dépasser une méfiance tenace. L’homme est peut-être LE super-prédateur de notre Planète, mais puisqu’il n’est pas question de s’en débarrasser, a-t-il ajouté, les spécialistes de la conservation, au service de la nature, et les industries, au service des besoins humains, doivent travailler ensemble et trouver des compromis. Il suppose que les gestionnaires d’AMP vont de plus en plus se tourner vers l’industrie, plutôt que vers les fonds publics, puisque cette dernière est prête à donner de l’argent pour soutenir le développement durable.
Sur la question de la gouvernance locale, Julie Ritz, (Département des Nations Unies pour les affaires économiques et sociales), a souligné que, bien que des intérêts divergents sont en jeu au sein des AMP, il faut que les parties prenantes, y compris les acteurs économiques, s’assoient autour de la table. Pour qu’ils le fassent, il est important d’évaluer précisément la manière dont la conservation affectera leurs activités, dans quelle mesure elle peut améliorer leur sécurité alimentaire et, de manière générale, leur qualité de vie. Lorsqu’on parle de protection des océans, a-t-elle ajouté, les gens pensent souvent aux dauphins ou aux tortues, et ne voient aucune connexion avec leur vie. Les AMP susciteraient davantage d’intérêt si, au-delà des promesses sur la restauration de la biodiversité, elles pouvaient expliquer aux gens les bénéfices qu’ils peuvent en attendre pour eux-mêmes.
En conclusion de cette plénière qui avait pour leitmotiv les mots « harmonie », « confiance » et « engagement des parties prenantes », Jessica Sanders a demandé aux gestionnaires d’AMP de rester lucides. « Si vous considérer les trois piliers du développement durable – social, économique et environnemental – dans la gestion des ressources des AMP comme dans la vie en général, les situations « win win win » sont rares. En général, il y a un perdant, donc des compromis à faire. Simplement, il faut savoir qui gagne, qui perd, et ce qu’il perd. »